dimanche 1 mars 2020

2020

**** Dark waters


Robert Bilott est « environmental lawyer »  chez Taft Stettinius & Hollister cabinet  spécialisé entre autres dans la défense des industries chimiques. Interpellé en 1998 par un paysan, voisin du village de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie..

Ce film relate l’histoire révélée en 2016 par l'article "The Lawyer Who Became DuPont's Worst Nightmare" publié dans le New York Times Magazine.

Robert Bilott , avocat en pleine ascension professionnelle, choisit de mettre sa carrière en danger pour diverses raisons : au départ venir en aide à des voisins et amis de sa grand-mère qui refusent la fatalité qu’on voudrait leur imposer, mais rapidement par un souci tout professionnel de faire éclater la vérité. Souci qui deviendra obsessionnel pendant près de vingt ans.

En conclusion, Du Pont reste avec ses casseroles (ou plutôt ses poêles teflon) attachées aux fesses. Le système judiciaire et l’organisation de la santé aux USA ne sortent pas grandis. Ce d’autant plus qu’il y a nombre d’affaires similaires en cours aux USA et dans le monde entier avec des dégâts écologiques irréversibles.












**** Le cas Richard Jewell









En 1996, un ancien policier, Richard Jewell, fait partie de l'équipe locale chargée de la sécurité des Jeux Olympiques d'Atlanta. Il est le premier à alerter de la présence d'une bombe et à sauver ainsi des vies. Les medias en font un héros national ce qui fait la fierté de sa vieille mère.

Le FBI enquête pour retrouver le poseur de bombe, il urge de trouver un coupable… Richard Jewell se retrouve bientôt suspecté... de terrorisme… passant du statut de héros à celui d'homme le plus détesté des Etats-Unis.



Il sera innocenté trois mois plus tard grâce à l’énergie d’un avocat de rencontre.  Mais le stress de cette mésaventure a dégradé sa santé.







Le film met en scène un personnage atypique Richard Jewell, l’incarnation vivante de l’anti-héros : obèse, un peu simplet, fasciné par l’obéissance aux consignes, travailleur consciencieux  et en même temps éprouvant le besoin irrépressible d’aider les autres.

Il vit chez sa mère et a connu un certain nombre de déboires pour excès de zèle dans ses divers emplois précédents.

Une charge contre les institutions fédérales des USA  et contre les medias  et en particulier les journalistes d’investigations.





**** Deux







Nina et Madeleine sont profondément amoureuses l’une de l’autre. Aux yeux de tous, elles ne sont que de simples voisines vivant au dernier étage de leur immeuble. Au quotidien, elles vont et viennent entre leurs deux appartements et partagent leur vie ensemble. Personne ne les connaît vraiment, pas même Anne, la fille attentionnée de Madeleine. Jusqu’au jour où un tragique accident  fait tout basculer…



Je vous recommande ce film, qui au fond parle de l’Amour avec un grand A. Et comme les deux amoureuses ont un certain âge, il n’y a pas pratiquement aucune scène de sexe, mais surtout de la tendresse.


Un film tout de psychologie sur les sentiments, le dévouement, la combativité, le rejet des amours lesbiennes par la société,  et même par le fils et la fille de Madeleine quand ils le découvrent.


La scène finale est une belle paraphrase de ce que, à l’exemple du Christ, « l’Amour est plus fort que la mort ».







**** Un divan à Tunis







Après avoir exercé en France, une jeune femme Selma, 35 ans, ouvre son cabinet de psychanalyse dans une banlieue populaire de Tunis. Au lendemain de la Révolution, la demande s'avère importante dans ce pays « schizophrène ». Mais entre ceux qui prennent Freud et sa barbe pour un frère musulman et ceux qui confondent séances tarifées avec "prestations tarifées", les débuts du cabinet sont mouvementés… Alors que Selma commence enfin à trouver ses marques, elle découvre qu'il lui manque une autorisation indispensable pour continuer d'exercer…



J’ai beaucoup aimé ce film qui passe en revue les turpitudes de la société tunisienne : compromis entre la loi coranique et l’alcoolisme, compromis entre l’Etat de droit et le marché noir, mariages arrangés par la famille  compromis d’une autre façon.

En sortant de là, on peut se demander s’il n’y a pas là une prémonition de ce qui pourrait advenir de la société française.






** Histoire d’un regard 


                (Documentaire)



Gilles Caron, alors qu’il est au sommet d’une carrière de photojournaliste fulgurante, disparaît brutalement au Cambodge en 1970. Il a tout juste 30 ans. En l’espace de 6 ans, il a été l’un des témoins majeurs de son époque :la guerre des Six Jours, mai 68, le conflit nord-irlandais ou encore la guerre du Vietnam.

Lorsque la réalisatrice Mariana Otero découvre le travail de Gilles Caron, une photographie attire son attention qui fait écho avec sa propre histoire, la disparition d’un être cher qui ne laisse derrière lui que des images à déchiffrer. 
Elle se plonge alors dans les 100 000 clichés du photo-reporter pour lui redonner une présence et raconter l’histoire de son regard si singulier.

Une amie m’avait chaudement recommandé ce film qu’elle avait trouvé magnifique. Il y a deux lectures possibles :
  • Rappel historique de quelques évènements majeurs : guerres, famines, révolutions …
  • Appel pour que le devoir de mémoire s’applique non seulement aux grandes commémorations : guerre de 14-18, Shoah… mais aussi à des évènements plus privés. C’est alors une façon de faire son deuil.





** Les filles du Dr March
2020 USA / Greta Gerwig/2H15
Avec Saoirse Ronan, Emma Watson, Florence Pugh , Eliza Scalen, Meryl Streep, Louis Garrel…etc

Une nouvelle adaptation du roman "Quatre filles du Docteur March" et des écrits de Louisa May Alcott.
Meg la sœur ainée joue les mondaines, Jo March aime écrire et repense aux diverses époques de sa vie, Amy étudie le dessin et  Beth veut devenir musicienne. Leur père Robert March est pasteur et s’est engagé comme aumônier aux côtés des Nordistes dans la guerre de sécession. La mère Mary s’occupe seule de ses filles, aidée par la domestique Hannah, Elle est très engagée dans des actions caritatives au profit des troupes nordistes.
Il y a aussi la riche tante de Robert March « tante Joséphine ». Et divers garçons plus ou moins jeunes :Théodore « Laurie » Laurence, Friedrich Bhaer et ses deux amis

  
Tout cela donne un film passablement à l’eau de rose. Avec deux défauts majeurs : beaucoup de flashbacks vers des périodes mal datables car les actrices ne changent pas d’aspect extérieur quel que soit leur âge, et des scènes d’hystérie collective aux dialogues confus qui n’ajoutent rien .  
Le tout assaisonné de belles  images aux couleurs automnales et de somptueux meubles et décors intérieurs.

P.S. Le titre anglais est « little women » c'est tout dire !

jeudi 20 février 2020

2019






****  Parasite  ( V.O. titre original Gisaengchung)

La famille KI est pauvre et vit dans une sorte de cave insalubre  Le père KI Taek et son épouse  Chung-Sook, le fils KI  Woo et la fille  KI  Sung. Ils sont tous plus ou moins au chômage et vivent de rapine et de petits boulots. Un jour,  le fils KI  Woo reçoit la visite d’un copain, un étudiant qui donne des leçons (très) particulières d’anglais à Da-Hye la fille de Yeon-Kyo  l’épouse  du richissime  Mr PARK. Le copain va partir six mois aux USA terminer ses études et veux retrouver Da-Hye à son retour en vue de lui faire sa demande en mariage. ll va recommander Ki Woo à Mme PARK qu’il décrit comme une personne influençable.

En peu de temps les quatre membres de la famille Ki sont engagés par Mme PARK :  KI  Woo professeur d’anglais , KI  Sung art psycho thérapeute pour Da-Song le petit- frère de Da- Hye, Ki Taek chauffeur de Mr PARK, et finalement Chung-Sook comme  gouvernante-cuisinière- bonne-à-tout- faire en remplacement de l’irremplaçable Moon-Gwang

 La suite du film est rocambolesque, alternant des scènes dans la cave-taudis des Ki et dans la résidence somptueuse des Park.



Ce film mérite la palme d’or à Cannes  en 2019  et les Oscar qu’il a obtenu à Hollywood EN 2020. Je l’ai vu dans sa version dite N&B ressortie en salle en 2020.

Sous une étiquette de thriller se cache un film bourré d’allégories  sur les différences entre classes sociales.

Et même au second degré le parallèle entre ceux qui se sont enrichis dans les technologies numériques et ceux ruinés dans les métiers traditionnels .

Un message désabusé : les bonnes études ne suffisent pas à monter dans l’ascenseur social sans un dose de chance, voire de fourberie, et l’escalier de la descente aux enfers de la misère est facile à dévaler surtout quand il pleut.  






** Les misérables
2019 FR/ Ladj Ly / 1H45  

Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga, Issa Perica, Al-Hassan Ly …



Stéphane, un policier tout juste arrivé de Cherbourg, est affecté à la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux "Bacqueux" d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier : la bande du Maire, les musulmans et leur imam qui est un ancien dealer, le propriétaire des marchands de sommeil… . Les adultes et la police se déplacent en voiture, les jeunes en scooter , à bicyclette et en planche roulettes. Tout le monde a des téléphones portables.  

Alors que l’équipe de la BAC se fait déborder lors d’une interpellation, un drone filme ses moindres faits et gestes ... y compris la bavure par un tir de LBD qui blesse le jeune Issa à la joue.

Tout s’accélère, les équipiers de la Bac ont des avis divergents sur ce qu’il convient de faire. On découvre que le Maire n’est pas mieux que ses administrés, l’imam non plus.

Le film se termine par la vengeance des jeunes avec jet de meubles dans les cages d’escalier et un duel genre western urbain, plus au final un festival de pétards de feu d’artifice contre les policiers arrivés en renfort.



Je suis allé voir ce film qui m’avait été recommandé par des amis. C’est une sorte de documentaire sur l’escalade de la violence qui fait froid dans le dos. Ce d’autant plus que si les adultes sont pourris, ce sont les jeunes qui se défoulent dans la violence.



Malheureusement, la moralité qui ressort peut être de la fin du duel entre Issa Stéphane est masquée par la destruction des voitures devant l’immeuble. Le générique de fin avec les allégories vertes et la citation de Victor Hugo « Prenons soin des jeunes pousses, tel un bon jardinier qui respecte avec amour toutes ses plantations » ne suffit pas à gommer les 103 minutes qui précèdent.

P.S. A la réflexion, j'ai rajouté une troisième étoile au thriller "Le lac des oies sauvages"



*** It must be heaven

 2019  Qatar- RFA- CAN-Turquie-Palestine  / Elia Suleiman/ 1H42




Elia Sulziman fuit la Palestine à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil, avant de réaliser que son pays d'origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d'une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l'absurde. Aussi loin qu'il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie.

Un conte burlesque explorant l'identité, la nationalité et l'appartenance


J’adore les films déjantés. Celui-ci n’est pas le meilleur, mais il y a quelques trouvailles inédites ( synchronisation de la levée des verres, policiers en roller et autres mono-roues gyroscopiques ). 

*** Le lac des oies sauvages
2019 CHINE/Diao Yinan /1H50




Un petit malfrat ZHOU Zenong dont la tête a été mise à prix par la police  et LIU Aiai une "baigneuse", une prostituée, qui rêve d'une vie meilleure se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.



Contrairement à ce que à quoi le titre peut faire penser, ce film est un polar violent . Le lac de oies sauvages est le nom d’une zone de non droit habitée par toute sorte de délinquants. Le film s'inspire d'un fait divers : une véritable "Assemblée nationale des voleurs" s'est tenue à Wuhan en 2012. Alors que la police arrivait sur les lieux pour les arrêter, ils étaient en train de se répartir les territoires de la ville.

Dans le film la répartition des territoires se fait après un cours sur l’art et la manière de voler un scooter. Elle donne lieu à des bagarres violentes entre bandes cousines, qui se terminent à coups de pistolet automatique. et par la mort d’un des voyous. HUA hua le receleur des scooters volés cherche à calmer le jeu en décrétant un arbitrage « à la loyale » qui se fera par un concours de rapidité au vol de scooters.

La police en civil se déplace aussi à scooter et emploie des méthodes « musclées » pour faire parler les voyous qu’elle attrape.

Sans que ce soit très clair, il se pourrait que LIU Aiai la baigneuse soit la sœur du commandant des policiers en civil « capitaine LIU »




**** Une vie cachée
2019 USA-RFA / Terrence Malick  / 2H54
Inspiré de faits réels


Franz Jägerstätter, paysan autrichien, après avoir fait ses classes militaires en 1939 revient dans son village de St Radegund  refuse de se battre au côté des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi chrétienne et son amour pour sa femme Fani, et leurs trois petites filles, Franz reste inébranlable.


Après quelques séquences sur la montée de nazisme, des photos magnifiques montrent la vie à la montagne du fermier Franz Jägerstätter (August Diehl), de sa femme Fani (Valerie Pachner) et, bientôt, de leurs trois filles, ainsi que la sœur de Fani et leur vieux père.
Quand des nazis passent réclamer une contribution à l’effort de guerre, Franz est le seul à refuser. Le maire du village, mais aussi le curé et l’évêque, tentent de le raisonner en disant qu’il met en danger non seulement lui-même mais aussi sa famille, le village tout entier, voire tous les catholiques du Reich.

En 1943 Hitler rappelle tous les hommes en état de porter les armes. Franz s’obstine dans son refus de combattre et  de prêter serment d’allégeance au Führer. Il est emprisonné à Berlin, d’où il va entretenir un correspondance avec son épouse. De son coté Fani, sa sœur et leur père subissent les critiques, puis l’ostracisation des autres villageois.

Franz refuse une affectation de non combattant au service de santé. Il est condamné à mort par un tribunal militaire et sera guillotiné le 9 août 1943.

En résumé, ce film traite de l’amour conjugal et de l’amour de Dieu, certes portés à leur paroxysme, mais cela vaut la peine d’aller voir le voir même s’il aurait pu être plus court..


P.S. Il semble que ceux qui s’opposèrent à Hitler le firent tous au nom de leur foi chrétienne. Franz Jägerstätter a été béatifié le 26 octobre 2007 à la cathédrale de Linz.


**** J’accuse
2019 FR- IT/ Roman Polanski / 2H12

L’Affaire Dreyfus a déchiré la France pendant 12 années, provoquant un  énorme émoi dans le monde entier.
Dans cet immense scandale, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées.
A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de faire réhabiliter Alfred Dreyfus.

Le film est centré sur le personnage de Georges Picquard, un militaire partageant  l'antisémitisme ambiant à cette époque, mais aussi un homme honnête ayant une haute idée des devoirs de sa charge dans chacune de ses affectations.
Ceux comme moi qui en sont restés au seul mensonge d’Esterhazy vont découvrir le rôle de l’Etat Major, du Ministre des Armées, mais aussi celui de la presse avec Emile Zola, celui ignoré des Renseignements Généraux, celui de la Justice et du Premier Ministre, sans parler du spadassin qui vers la fin se trompe de cible et tue l’avocat au lieu de Picquart.

Dans mon quartier très NAP , j’ai dîné l’autre jour avec une dame qui n’avait pas vu le film mais seulement lu dans le Figaro que certaines passages sur les forfaitures de la hiérarchie militaire et des deux officiers du Service du Renseignement Militaire n’étaient pas conformes à la réalité historique. Ce n’est pas ce qu’explique le générique de fin. Bref, allez sans faute vous faire votre propre opinion .








***** Sorry we missed you

2019 UK /  Ken Loach   /1H 40

Scénariste : Paul Laverty
 Avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood, Rhys Stone, Ross Brewster



Ricky Turner , son épouse Abby et leurs deux enfants, Seb 15 ans et Liza 11 ans, vivent à Newcastle. La famille est soudée et les parents travaillent dur. Abby dans une société de services à la personne, comme aide à domicile pour des personnes âgées, Ricky licencié depuis la crise du bâtiment, enchaîne les jobs mal payés. Il découvre le monde des chauffeurs livreurs de colis à domicile, dans  lequel il voit une réelle opportunité de gagner assez d’argent pour pouvoir acheter un jour la maison dans laquelle ils ne sont que locataires. Mais pour cela il vend la voiture d’Abby et achète  une camionnette d’occasion . Abby doit faire ses tournées en autobus …


Les dérives de ces nouveaux modes de travail auront des répercussions majeures sur toute la famille…

 


Allez voir ce film pour vous rendre compte de ce qu’est l' « ubérisation » du monde du travail. Espérons que le trait joué par le responsable de l'agence de livraison soit un  peu trop appuyé. Mais rien n’est moins sûr. En tous cas ce nouvel esclavage et ses méthodes injustes déclenchent  la protestation d’Abby et le « street art » protestataire des jeunes gens. Le final plutôt désespérant montre un homme qui, d’une façon ou d’une autre, va se tuer au travail.





*** Un jour de pluie à New York

2019 FR/  Woody Allen     / 1H 32




Gatsby étudie les mathématiques. En rébellion contre ses parents, il gagne son argent de poche au poker. Ashleigh étudiante en lettres est aussi rédactrice de la revue de sa petite université de province. Ils viennent  passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court …Chacun des deux tourtereaux va enchaîner des rencontres fortuites et des situations insolites.



La critique des spectateurs est très partagée. Tout en n’étant pas un fanatique de Woody Allen, j’ai trouvé qu’au delà du marivaudage habituel, il avait essayé de faire passer des messages critiques sur les mœurs de la grande bourgeoisie newyorkaise, des vedettes de la télévision et du cinéma, et de quelques autres …


Evidemment ce n’est pas du Ken Loach !!!






** LE REGARD DE CHARLES  (documentaire)   

2019 FR / Marc di Domenico / 1H23

Avec Charles Aznavour , Romain Duris


En 1948, ‪Edith Piaf offre sa première caméra à ‪ Charles Aznavour qui est son secrétaire.
Jusqu’en 1982 Charles filmera des heures de pellicule qui formeront le corpus de son journal filmé.
Aznavour filme sa vie et vit comme il filme. Partout où il va, sa caméra est là, avec lui. Elle enregistre tout. Les moments de vie, les lieux qu’il traverse, ses amis, ses amours, ses voyages...
Quelques mois avant sa mort, il entame avec Marc di Domenico le visionnage de ces rushs. Il décide alors d’en faire un film, son film. “Le regard de Charles" : le journal filmé d’une légende mondiale.



Ce documentaire se laisse voir et surtout entendre puisqu’il reprend de nombreux tubes de notre jeunesse. Il met cependant très fortement l’accent sur l’ambition de Charles même après qu’il eut atteint la célébrité. Je ne connaissais pas la belle chanson du générique de fin « J’ai vécu » .


***** QUAI D’ORSAY

2013 FR/  Bertrand Tavernier  / 1H53




Alexandre Taillard de Worms est grand, sportif, plein de panache et accessoirement ministre des Affaires Étrangères. De la tribune des Nations Unies à New-York  il  apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. C’est un esprit puissant, guerroyant sous l’égide de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il pourfend les néoconservateurs américains, les Russes corrompus et les Chinois cupides.

Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares...  



J’ai vu ce film sur ARTE juste après ALICE ET LE MAIRE. Un régal !!!

Je ne sais pas si le maire de Lyon était inspiré de Gérard Collomb, mais dans QUAI D’ORSAY le ministre est clairement une parodie de Dominique de Villepin, sans parler de celle de son père qui apparait brièvement vers la fin.

Thierry Lhermitte hyper survolté et Niels Arestup hyper calme sont formidables dans leurs rôles respectifs.

Le discours final à l’ONU est une sorte de happy end, sans doute destinée à obtenir l’indulgence de ceux qui se reconnaitraient dans les caricatures.  




**** ALICE ET LE MAIRE
  
  2019 FR / Nicolas Pariser / 1H43




Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus d’idées. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide.

Pour remédier à ce problème, sa chef de cabinet décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et va changer leur vision de l’avenir.



La critique des spectateurs est assez mitigée. A tort selon moi, car ce film est une charge féroce contre les ambitions et les pratiques de nos hommes politiques, et par voie de conséquence celles de leur entourage proche. Accessoirement aussi contre les nouveaux clichés écologiques opposés à des visions ultra mondialistes.

Ne manquez pas, un peu avant la fin, le point d’orgue du projet de discours N°2  sur la nouvelle démocratie.


P.S. Le choix des patronymes ne me parait pas anodin : Théraneau rime avec tyranneau et Heimann fait penser à « Vive l’Homme ! », même si ce n’est pas l’étymologie officielle.





Portait de la jeune fille en feu


2019 FR/ Céline Sciamma/2H00


Genres Drame, Historique   (c'est un euphémisme !!!) 



1770, Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde pour la peindre de mémoire…



Tout en n’étant pas très passionné des films sur le saphisme, je suis allé voir ce film sur la foi d'un article du Monde qui le classait comme « à voir absolument » .

Quand je pense qu’une critique de spectatrice  donnait 5* en écrivant « les scènes d’amour sont sensuelles, discrètes et tendres » .Elle n’avait pas du voir un gros plan de quelques secondes particulièrement explicite. Une vraie leçon de choses.

Même si, sur le plan purement cinématographique, c’est plutôt bien et si les actrices sont parfaites, je ne conseille pas de voir ce film.


 

*** Downton Abbey

Adaptation de la série télévisée à succès Downton Abbey.

2019 UK/ Michael Engler /2H03


Les Crawley et leur personnel intrépide se préparent à vivre l'événement le plus important de leur vie : une visite du roi et de la reine d'Angleterre. Cette venue ne tardera pas à déclencher scandales, intrigues amoureuses et manigances qui pèseront sur l'avenir même de Downton




Toujours agréable à regarder, les personnages sont les mêmes que ceux de la série, avec un scénario innovant  plutôt réussi.

En filigrane une critique acerbe des préjugés de la noblesse anglaise au début du XXème siècle. On s’envoie des rosseries en famille, mais toujours en langage châtié.

Et une critique non moins acerbe des mœurs du personnel de service qui se stratifie par fonction et par degré de proximité avec son employeur. Mais aussi, les quartiers de noblesse de l’employeur.



La péripétie finale réveille un peu la salle qui ronronnait un peu.


 


 ** Tu mérites un amour
2019  FR / Hafsia Herzi/  1H39

                                             

Ayant constaté l'infidélité de Rémi, Lila qui l'aimait profondément  vit difficilement cette rupture toute en j’y va-t-y,  j’y va-t-y pas . Un jour, Rémi lui annonce qu'il part seul en Bolivie pour se retrouver face à lui-même et essayer de réfléchir sur son comportement. De là-bas, il lui laisse entendre que leur histoire n'est pas finie... Lila apprend qu’en fait il continue de papillonner avec d’autres filles.

Lila se retrouve avec sa bande de copains copines  qui l’encouragent à se chercher un autre amour. Elle va faire un certain nombre de rencontres…

                                             

Je suis allé voir ce film, le premier long métrage de l’actrice Hafzia Herzi révélée dans « La graine et le mulet », parce que les critiques de spectateurs se répartissaient entre 4* et 5*.

Du point de vue de la mise en scène et de la photo, c’est plutôt bien fait, y compris l’épisode avec le maniaque des caméras.

En revanche, le scénario illustre longuement les diverses méthodes de drague et de rapports sexuels entre adultes consentants, ce qui  amène à classer le film dans la catégorie « PORNO CHIC » avec ou sans « poppers ».

Mais le final, avec les charmes de la poésie, ravira les fanas d’étymologie. 





*** Douleur et gloire
2019 SP / Pedro Almodovar  / 1H52




Salvador Mallo est un réalisateur qui a connu le succès mais qui ne réalise plus de films à cause des nombreuses douleurs physiques dont il souffre. Par hasard, il retrouve Alberto, un acteur avec qui il s'est fâché trente ans auparavant.

Il se remémore son enfance avec sa mère au village de Paterna. Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec lesquels il a travaillé… et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide face à l’incapacité de continuer à tourner.



Ce film est une sorte de biopic-fiction d’Almodovar. On y retrouve les thèmes de ses principaux films : l’amitié, le sexe, les drogues : cocaïne, cocktails d’anti-douleurs, héroïne… les bisexuels, la mère, les hôpitaux… Le tout traité de main de maître.



N.B. Même si en espagnol « caballa » est le surnom de l’héroïne, les sous-titres français auraient du garder « horse » et non pas « cheval ». Mais peut-être ce film à succès fera-t-il évoluer l’argot moderne ?





** Nous finirons ensemble
2019 FR / Guillaume Canet   / 2H15






Préoccupé, Max est parti dans sa maison au Cap Ferret pour se ressourcer. Sa bande de potes, qu’il n’a pas vue depuis plus de 3 ans débarque par surprise pour lui fêter son 60ème anniversaire ! La surprise est entière, mais Max est ruiné et s’est résigné à vendre cette maison de vacances sans avoir prévenu Isabelle son ex épouse  et Sabine sa nouvelle compagne.

Max s’enfonce alors dans une comédie qui sonne faux, et mettra le groupe dans des situations pour le moins inattendues…



Je suppose que je suis allé voir ce film en prévision d’une invitation au Cap Ferret chez des amis en septembre. En fait je n’avais pas aimé le film précédent « Les petits mouchoirs ». Je déteste ces films qui mettent en scène des bobos friqués, dans des maisons aux extérieurs style cabane de pécheur et aux intérieurs plutôt cossus, qui boivent du vin millésimé et draguent à tous vents comme s’ils avaient 18 ans.





*** Lourdes  ( documentaire)

Le rocher de la grotte de Lourdes est caressé par des dizaines de millions de personnes qui y ont laissé l’empreinte de leurs rêves, leurs attentes, leurs espoirs et leurs peines. A Lourdes convergent toutes les fragilités, toutes les pauvretés. Le sanctuaire est un refuge pour les pèlerins qui se mettent à nu, au propre – dans les piscines où ils se plongent dévêtus – comme au figuré – dans ce rapport direct, presque charnel à la Vierge…

La critique ses spectateurs est dithyrambique : « un documentaire rare, qui déborde d'humanité et de grâce ». Je dirai plus simplement que ce documentaire est à voir par ceux qui traversent des épreuves : ils y trouveront plus malheureux qu’eux.

A voir aussi par les bien portants de tous âges qui  ne sont pas encore engagés dans le bénévolat : ils y trouveront l’exemple de jeunes et moins jeunes qui se mettent au service de leurs semblables malades ou handicapés.

Les chrétiens apprécieront la confiance des pèlerins qui, pour certains, viennent tous les ans se confier à la médiation de la Vierge.

Tous pourront se concentrer sur les moments de convivialité entre les permanents, les accompagnants et des  pèlerins abîmés dans leur chair, parfois dans leur esprit ou simplement mis au ban de la société. 



**El Reino
2019 SP FR/ Rodrigo Sorogoyen / 2H11

Manuel López-Vidal est un politicien influent dans sa région. Il est le dauphin du président du conseil régional qui va le faire entrer à la direction nationale du  parti à Madrid.
Sur le plan privé c’est la vie de château .
La Justice régionale finit par enquêter sur les affaires financières du Parti. Madrid va sacrifier un fusible : un élu, Paco Castillo, est arrêté. Manuel Lopez Vidal sera le suivant. Ses amis le lâchent les uns après les autres.
Pour essayer de se sauver, il recherche les preuves de l'existence du système de corruption généralisé dans lequel il a œuvré pendant des dizaines d’années, preuves qui lui permettront d'acheter son impunité et retrouver une vie de famille au soleil…


C’est un film instructif qui a sûrement fait le bonheur des « gilets jaunes ».  Au début, on se perd un peu dans tous ces politiciens véreux et les scènes longuettes de la dolce vita à bord d’un gros chriscraft . Mais la suite dans le bureau du trésorier du Parti, puis en Andorre et finalement à la télévision  va crescendo.
Le réalisateur Rodrigo Sorogoyen, et sa co-scénariste Isabel Peña, ont dit  "le sujet central de ce film c’est le mensonge comme manière de vivre. »




***  Tel Aviv On Fire

2019 Luxemburg Israël Belge / Sameh Zoabi / 1H37





Salam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est Palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès « Tel Aviv on Fire ! » Tous les matins, il traverse le même check-point pour aller travailler à Ramallah.  Un jour, il se fait arrêter par un officier israélien Assi, fan de la série, et pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste. Pris à son propre piège, Salam va se voir imposer par Assi un nouveau scénario . Evidemment, il va y avoir des rebondissements…



J’ai bien aimé ce film à la fois plein d’humour et de clins d’œil à la situation  géopolitique. Egalement un portrait charge de la société divisée au Moyen Orient où les familles arabes et israéliennes se retrouvent tous les soirs devant les épisodes de leur feuilleton télévisé préféré. Le dernier gag est génial.

Allez le voir vous passerez un bon moment.
 


*** L'Adieu à la nuit
2019 FR- RFA / André Téchién  /1H43

Une grand-mère, Muriel, qui exploite un centre équestre dans les Pyrénées Orientales se réjouit de voir Alex, son petit-fils, venir passer quelques jours chez elle avant de repartir vivre au Canada.  Cependant, intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex s’est converti à l’Islam et se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, va réagir très vite…

Extrait de l’interview du réalisateur André Téchiné publié dans le journal LA CROIX



« Le point de départ, ce sont les livres de David Thomson. Je voulais voir si je pouvais adapter au cinéma non pas un roman comme c’est souvent le cas, mais cette parole de djihadistes recueillie de manière brute par le journaliste. . Parce qu’on ne la connaît pas, qu’elle nous paraît étrangère et incompréhensible, j’avais envie de la donner à voir et à entendre, de lui apporter du concret, tout en la respectant.
À partir de là, j’ai construit une fiction la plus simple et la plus minimaliste possible »



C’est dommage que sur un sujet tout à fait sérieux et grave,  le réalisateur ait réussi à me faire regarder ma montre plusieurs fois. Qu’est ce que ce serait s’il n’avait pas déclaré vouloir faire dans le minimalisme ! Bref , allez le voir à vos risques et périls.





**** Rebelles
2019 FR /  Allan Mauduit /1H 27

Après avoir passé 15 ans sur la Côte d'Azur à vivre d’amour et de petits boulots, Sandra, ex miss Nord-Pas-de-Calais, revient s'installer chez sa mère à Boulogne-sur-Mer   Embauchée à la conserverie locale, elle repousse vigoureusement les avances de son chef et le tue accidentellement. Deux autres filles ont été témoins de la scène. Alors qu'elles s'apprêtent à appeler les secours, les trois ouvrières découvrent un sac plein de billets dans le casier du mort. Une fortune qu'elles décident de se partager. C'est là que leurs ennuis commencent...

Je l’ai vu pour 4 € dans le cadre du Printemps du cinéma. Le scénario - assez prévisible - commence par un gag inédit suivi d’un deuxième sans doute déjà vu mais tout aussi efficace. Bref on s’amuse bien. . Les trois actrices sont super

* Dans les bois  
2019 Lituanie etc /Mindaugas Survila/1H 03

Ce documentaire, quasi sans paroles, montre de magnifiques séquences de vie animale sauvage : oiseaux, insectes  etc .

Photographie extraordinaire, au point de penser que les clips vidéo ont été recadrés pour nous montre des gros plans vertigineux .
Dire que ce documentaire est «  un témoignage atypique, poétique et fascinant quand on songe à la rapidité avec laquelle ces lieux encore vierges sont en train d'être effacés de la surface de la terre ». est un parti pris écologique que n’ai pas ressenti.


**** Vice

2019 USA /  Adam McKay/ 2H14

Fin connaisseur des arcanes  du système politique américain Dick Cheney, soutenu et poussé par son épouse Lynne, a réussi à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd'hui…

Au-delà de la saga particulière de la famille Cheney, ce quasi biopic nous rappelle beaucoup de choses sur les autres protagonistes de cette époque : Donald Rumsfeld , l’avocat David Addington, Bush père et fils,  Gerald Ford Donald Reagan…
Le rôle des lobbies, et moins connue, la facilité avec laquelle il a été possible de contourner les règles de la plus grande démocratie au monde pour parvenir au pouvoir et prendre des décisions au service d'intérêts privés .

Le titre ambigu Vice-Président , Vice de forme ou même vice tout court n’a pas été choisi au hasard.. Il s’agit du mensonge d’Etat et de la manipulation de l’opinion publique qui ont déclenché le chaos  au Moyen Orient que nous connaissons maintenant.

 
** Les Eternels
2019 Chine/Jia Zhangke  /2H15         

En 2001, la jeune Qiao est amoureuse de Bin, petit chef de la pègre locale de Datong.
Alors que Bin est attaqué par une bande rivale, Qiao prend sa défense et tire plusieurs coups de feu. Elle est condamnée à cinq ans de prison pour port d’arme illégal..
A sa sortie, Qiao part à la recherche de Bin et tente de renouer avec lui. Mais il refuse de la suivre.
Dix ans plus tard, à Datong, Qiao est célibataire, elle a réussi sa vie en restant fidèle aux valeurs de la pègre.
Bin, usé par les épreuves, revient pour retrouver Qiao, la seule personne qu’il ait jamais aimée…

Je l’ai vu pour 4 € dans le cadre du Printemps du cinéma. La critique était enthousiaste. Le film est trop long.  Le scénario de cette histoire sentimentale fait penser aux romans anglais. Mais la mise en scène laisse à désirer avec une succession de scènes et de nombreux flash backs. Sans parler de quelques rajouts inutiles sur le tourisme des OVNIs et la voleuse chrétienne. On peut s’abstenir.

****Sibel

Sibel, 25 ans, vit avec son père et sa sœur cadette dans un village isolé des montagnes de la mer noire en Turquie. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt voisine, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif. Blessé, menaçant et vulnérable, il pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle.

Un beau film sur les mœurs patriarcales dans certains villages musulmans, la force des traditions, l’antagonisme des jeunes et des vieux…
Le scénario est surprenant et génial. Je vous recommande ce film.


****Le chant du loup
2019 FR / Antoin Baudry  1H55

Le jeune Chanteraide est une « oreille d'or » aux capacités exceptionnelles . Ce surnom est donné aux personnels sous-marinier spécialisés dans l'analyse acoustique. Au retour d’une mission sur le sous marin nucléaire d’attaque « le Titane » il croit avoir détecté la présence d’un sous-marin russe de type ancien théoriquement démantelé.
Pendant son temps à terre il rencontre Diane, une jeune femme énigmatique peut être  fumeuse de cannabis. C’est l’amour au premier regard. 
Au moment de repartir pour une mission de plusieurs mois sur le sous marin lanceur d’engin « l’Effroyable », Chanteraide est disqualifié  par son analyse médicale. Il traine dans les couloirs du Centre des Opérations. Son diagnostic n’est pas assez précis  et déclenche un ordre de tir atomique venant du Président de la République envoyé à l’ « l’Effroyable » selon une procédure sécurisée. On est à quelques heures d’un conflit mondial majeur…


C’est un film extraordinaire que je vous recommande. Outre l’organisation du travail à l’intérieur des sous marins et au Centre des Opérations, on y apprend l’importance des procédures et la confiance entre les équipages et leurs officiers.
Mais la grande leçon c’est que les militaires respectent les procédures qui garantissent la confiance entre les dirigeants politiques et les forces armées, cependant que les politiques changent de procédure quand ça les arrange.

P.S. Après l’avoir vu, on peut lire le détail du scenario ici sur Wikipedia


 *** Qu'est-ce qu'on a encore fait au Bon Dieu
2019 FR/ Philippe de Chauveron  /  1H39

Claude et Marie Verneuil, riches borgeois de Chinon, font face à une nouvelle crise.
Leurs quatre gendres, Rachid, David, Chao et Charles sont décidés à quitter la France avec femmes et enfants pour tenter leur chance à l’étranger.
Incapables d’imaginer leur famille loin d’eux, Claude et Marie sont prêts à tout pour les retenir.
De leur côté, les Koffi débarquent en France pour le mariage de leur fille. Eux non plus ne sont pas au bout de leurs surprises…

Si vous avez aimé le premier film, vous ne serez pas déçus par le second. Sur une trame sans surprises, il reste très inventif dans les détails.


**** Edmond
2019 FR /   Alexis Michalik / 1H53

Décembre 1897 à Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ».

J’avais des doutes avant d’aller voir ce film sorti en début d’année. Sur des dialogues reprenant les vers de la pièce de théâtre, le scénariste a construit un biopic imaginaire très astucieux et plein de rebondissements. Les seconds rôles sont réinventés , notamment Jeanne    l’habilleuse-muse-doublure et Honoré le lyrique patron de restaurant,  ce qui augmente la saveur des scènes de la pièce. Bref, si n’est pas déjà fait, allez le voir avant qu’il ne quitte les salles .


2019 USA- UK /  Josie Rourke    /2H04

Épouse du Roi de France à 16 ans, Marie Stuart, se retrouve veuve à 18 ans et refuse de se remarier conformément à la tradition. Au lieu de cela elle repart dans son Écosse natale réclamer le trône de ses ancêtres qui lui revient de droit. Mais la poigne d’Élisabeth Iʳᵉ , Reine d’Angleterre s’est étendue aussi sur l’Écosse.
Les deux jeunes reines, poussées par leurs conseils ne tardent pas à devenir de véritables sœurs ennemies et se battent pour la couronne d’Angleterre. Rivales aussi bien en pouvoir qu’en amour, toutes deux régnant sur un monde dirigé par des hommes, elles doivent impérativement statuer entre les liens du mariage ou leur indépendance.
Marie est catholique et Elisabeth protestante. Le pasteur John Knox jette l’anathème sur la putain papiste.  Les deux cours sont minées par la trahison, la conspiration et la révolte qui mettent en péril leurs deux trônes et menacent de changer le cours de l’Histoire.

Je l’ai vu pour 4 € dans le cadre du Printemps du cinéma. Si vous aimez les films historiques, celui-ci est plutôt bien fait.



**** Le mystère Henri Pick
2019 FR / Rémi Bezançon   /1H 40

Dans une étrange bibliothèque au cœur de la Bretagne,  Daphné Despero, une jeune éditrice, découvre un manuscrit extraordinaire qu'elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n'aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu'il s'agit d'une imposture, Jean-Michel Rouche, un célèbre critique littéraire, décide de mener l'enquête, avec l'aide inattendue de Joséphine la fille de l'énigmatique Henri Pick.

La critique des spectateurs est assez partagée. Sans dire que c’est un chef d’œuvre, j’ai bien aimé ce film. D’abord parce que j’adore Luchini, mais aussi par ce que c’est un polar bien ficelé où le suspense est conservé jusqu’à la fin. Allez le voir pour passer un bon moment de cinéma et accessoirement découvrir les méthodes du marketing moderne.


***** Green Book : Sur les routes du sud

2019 US /Peter Farrelly / 2H12
Coscénariste Nick Vallelonga

En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Vallelonga dit Tony Lip , un italo-américain du Bronx, marié, deux jeunes enfants, se retrouve au chômage suite à la fermeture temporaire de la boite de nuit dans laquelle il était videur. Il  est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts de deux mois. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, Tony utilise le Green Book, un guide de voyages  qui répertorie  les établissements accueillant les « negroes ».
 
Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre dans le nord, les deux hommes vont d’abord apprendre à se supporter. Tout les oppose en effet, la couleur de peau, le caractère, l’éducation, le milieu social, la réussite, les centres d’intérêt ... L’un est  un afro-américain, hyper cultivé et raffiné, mais prétentieux, suffisant et précieux, tandis que l’autre est un petit italo-américain, qui gagne péniblement sa vie dans l’ombre de la mafia italienne, bon père de famille, beau parleur et un peu soupe au lait.

Ce film a reçu l’OSCAR du meilleur film 2019 et c’est  tout à fait mérité. Le scénario est coécrit par Nick Vallelonga le fils ainé de Tony Lip qui avait 5 ans au moment des faits. Le générique final nous indique que Tony et Don Shirley sont restés amis jusqu’à leur mort en 2013 .
Par les temps qui courent une belle histoire d’amitié fait du bien. 




** ASAKO I&II
2019 FR JAP / Ryusuke Hamaguchi /1H 59


La jeune Asako a le coup de foudre pour Baku, jeune homme séduisant et imprévisible. Il s’absente  souvent du  domicile commun, et un jour ne revient pas.  Asako est bouleversée et quitte Osaka pour changer de vie.
Deux ans plus tard à Tokyo, elle tombe de nouveau amoureuse de Ryohei, un homme qui physiquement ressemble étrangement à Baku mais avec un caractère sécurisant. Ryohei la demande en mariage. Mais voilà que  Baku refait surface. Asako décide de plaquer Ryohei pour celui qu'elle n'a jamais vraiment réussi à oublier…

Je l’ai vu avec un couple d’amis.  Un seul à beaucoup aimé, les deux autres ont trouvé que ces marivaudages à la japonaise étaient un peu languissant. Cinématographiquement, c’est irréprochable, belle photo, belle mise en scène, paysages du Japon dans tous ses états ... L’actrice qui joue Asako est une beauté asiatique.
Bref, allez le voir seulement si vous êtes un grand fan du nouveau cinéma japonais.



*** Border
2019 SV-DK/  Ali Abbasi /1H48

Tina, est dotée d’un odorat extraordinaire. Elle travaille aux douanes et, telle un chien renifleur d’explosifs ou de drogues,  possède la faculté de flairer la honte et la culpabilité chez les gens. Mais quand Vore, un homme d'apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l'épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui...

Le cinéaste Ali Abbasi, iranien d'origine a adapté « Gräns», une nouvelle de John Ajvide Lindqvist, en mélangeant conte de fées, récit fantastique, légende nordique et thriller. Il s’agit d’explorer les frontières entre  l'humanité et  l'animalité.
Tina et Vore se découvrent  des points communs :  leur physique ingrat et leur attirance pour manger des larves et des insectes, de plus ils ont tous deux une cicatrice dans la région lombaire et sont sexuellement hybrides.
Les scènes finales se passent dans le pays des mille lacs, pays où la réalité et les légendes s’enchevêtrent. Le film prend une tournure fantastique dans le monde des trolls et autres êtres malveillants.




*** Leto   (super biopic musical)
2018 Russe- FR/ Kirill Serebrennikov  /2H 06

Leto en russe dire L’été.  Un été, à Leningrad au début des années 80, quelques décennies avant la chute de l’empire communiste, les disques de Lou Reed et de David Bowie s'échangent en contrebande, et une scène rock émerge sous le contrôle absurde de la censure d’Etat.


Le film s’articule autour de la rencontre entre un eurasien Viktor Tsoï, jeune musicien en quête de reconnaissance, et Mike Naumenko, leader du groupe Zoopark. De cette rencontre va naître une relation tout en ego et musique, le rapport de maître à élève toujours sous-jacent.
Viktor Tsoï, devint même, avec son groupe new wave du nom de Kino, une véritable star .

Mais quand Viktor rejoint la communauté de chanteurs et musiciens rock, on devine que son charme n’indiffère pas la belle Natasha, mère d’un bébé qu’elle a eu avec son compagnon Mike. Le cinéaste filme avec élégance les échanges des uns et des autres, à la fois pleins de passion et de retenue.

Le film est pimenté de passages surréalistes gravés à même la pellicule



***  Une affaire de famille


2018 JAP/ Hirokazu Kore-eda / 2H01


Au retour d’une expédition de vol à l’étalage, Osamu Shibata et son fils Shota recueillent dans la rue la petite Juri, fille de leurs voisins le couple Hojo, qui s’est perdue sous une pluie glaciale. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, Nobuyo, la femme d’Osamu, accepte de s’en occuper quand elle comprend que la fillette est maltraitée par ses parents. Ils retrouvent leur fille Aki Shibata dans le petit logement de Hatsue Shibata la mère d’Osamu.

Cette famille pauvre vit du maigre salaire des parents, des prestations de Aki dans un peep-show, de chapardages méthodiques au supermarché, de casse dans les automobiles en stationnement, et peut-être de la pension de retraite d’un grand-père dont ils n’ont pas déclaré le décès. C’est aussi une famille aimante, rieuse, câline, qui mange des nouilles ramen à tout bout de champ, boit du thé glacé en canettes ou croque des fraises tagada et se tient chaud en dormant les uns contre les autres. 



Le film  se compose de deux parties : La première montre la vie pauvre mais heureuse d’un groupe familial construit au gré des évènements de la vie et pour lequel les liens du sang ne sont pas l’essentiel. L’apothéose est une sortie au bord de la mer.

Dans la deuxième partie, les protagonistes sont rattrapés par la police. Il essaient de se couvrir les uns les autres, mais finalement des histoires enfouies dans un passé plus lointain sont mises à jour au cour des interrogatoires.

Ce n’est pas celui qu’on croit qui écope de la peine de prison la plus longue. Le groupe familial du début est dissout et les enfants se retrouvent dans leurs familles biologiques.

Les scènes finales montrent que l’amour est vainqueur. 

Cen'est pas le meilleur film de Hirokazu Kore-eda , et je pense que le film "Capharnaüm"de Nadine Labaki aurait davantage mérité la palme d'or à Cannes,